Officier de la LdH (1952), chevalier (1946), compagnon de la Libération, "juste parmi les nations".
Jules-Géraud Saliège, 1870-1956, fut un toulousain d'adoption puisque, né dans le Cantal dans une famille de cultivateurs, c'est en 1928 qu'il devient archevêque de Toulouse, fonction qu'il occupera jusqu'à sa mort. Il sera nommé cardinal en 1946.
Infirmier, puis aumônier pendant la guerre de 1914-1948, puis rapidement évêque, peu engagé politiquement jusqu'au début de la guerre et respectueux du régime de Vichy, Saliège prit toutefois des positions très affirmées et courageuses contre le STO, le racisme, l'antisémitisme, les rafles, et en soutenant les détenus des camps de Haute-Garonne.
Il fit lire en août 1942 une lettre dans toutes les paroisses du diocèse, qui sera interdite par Pierre Laval, mais diffusée par la BBC.
Extrait : "Dans notre diocèse, des scènes d’épouvante ont eu lieu dans les camps de Noé et de Récébédou. Les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes. Tout n’est pas permis contre eux, contre ces hommes, contre ces femmes, contre ces pères et mères de famille. Ils font partie du genre humain. Ils sont nos Frères comme tant d’autres. Un chrétien ne peut l’oublier.
France, patrie bien aimée, France qui porte dans la conscience de tous tes enfants la tradition du respect de la personne humaine. France chevaleresque et généreuse, je n’en doute pas, tu n’es pas responsable de ces horreurs."
Saliège continua son action pendant toute la guerre, sur le fil du rasoir, condamnant aussi bien les attentats commis contre les troupes d'occupation que les persécutions racistes, et organisant une aide humainaire via les réseaux catholiques (filières d'évasion, faux certificats...). Il faillit être arrêté en juin 1944, ne devant son salut qu'à son mauvais état de santé, aux protestations véhémentes d'une religieuse, et peut-être l'officier allemand affecté à cette mission avait-il quelques restes d'humanité !
A la Libération, son action et son autorité morale, distinguées par le général de Gaulle, lui valent la reconnaissance et les honneurs. Toujours fidèle à ses principes, il s'élève aussitôt contre les injustices et les règlements de comptes commis par les partisans... A titre exceptionnel, car sa santé -due à une paralysie du bulbe rachidien- l'empêchait d'être nommé cardinal "normalement" par le pape à Rome, et après négociation c'est le nonce qui lui remet son chapeau, à domicile. Il est vrai que le nonce Roncalli était le futur pape, Jean XXIII.
Son dossier pour la rosette d'officier résume bien sa personnalité : "... Il s'affirme depuis de longues années à Toulouse et dans la région par son esprit social, son âme charitable, son amour du peuple, l'élévation de sa pensée, sa grande indépendance de caractère et une volonté farouche qui lui fait dominer ses infirmités physiques. Il s'opposa courageusement à l'occupant en des attitudes qui menacèrent souvent sa liberté."
Jules Saliège a laissé son nom à un square à Toulouse, près de la cathédrale Saint-Etienne dans le choeur de laquelle il est inhumé, et à un lycée post-bac à Balma.
sources : Wikipedia, Leonore