Grand'croix de la LH (1959)
De Saint-Omer où il naquit à Villeneuve de Rivière, berceau de sa famille, où il vécut ses dernières années, il a parcouru le monde au fil des missions d’une vocation vouée à la défense. Sa carrière l’a conduit de l’escadre de la Méditerranée, à celle de l’Atlantique, les mers du Nord, la Chine, tous les grands postes opérationnels et d’administration centrale.
Opérationnel mais aussi théoricien et penseur, ses publications traduites dans le monde entier, sont encore consultées aujourd’hui. Son œuvre majeure est « les théories stratégiques », parues de 1930 à 1935 et complétées après la deuxième guerre mondiale d’un sixième tome : les « mélanges stratégiques ». Une ré-édition intégrale a été publiée en 1996.
C’est alors qu’il était préfet maritime de Brest, et pour ses qualités de penseur, théoricien, conférencier, et stratège que le gouvernement lui confia la création et la direction du Collège des Hautes Etudes de Défense Nationale. L’objectif était d’étudier l’ensemble des problèmes généraux que soulèvent la préparation de la nation à la guerre ainsi que la conduite des forces armées de terre, de mer et de l’air ; on peut penser que cette phrase est de sa main.
Le 15 octobre 1936, devant la première session, il exprima dans son discours inaugural les principes fondateurs et la méthode. L’étude de la « guerre militaire » et du « gouvernement de la guerre » dans lequel les trois armées ont un fonctionnement coordonné, la « guerre économique et financière » et les impondérables (le mot est de lui) que sont « l’opinion publique et le moral des nations et de leurs chefs », en sont les fondements. Pour la méthode, il associe aux auditeurs militaires les auditeurs civils des administrations en une « union féconde », plus tard le Collège devenu Institut poursuivra sa démarche en associant les auditeurs de toutes les catégories socioprofessionnelles de la nation. Enfin les études des auditeurs, après des échanges francs, fermes, loyaux et objectivés, doivent aboutir à des conclusions concrètes et précises. Dans son rapport à l’issue de la première session il note l’importance de faire pénétrer chez les fonctionnaires civils des départements intéressés l’esprit de défense, ordinairement étranger à leur activité normale et dont ils doivent cependant faire preuve.
Quelle actualité ne peut on pas trouver dans ces propos, alors que cette année 2008 voit l’ensemble de l’Institut et des associations d’auditeurs se transformer, à la fois dans la formation des élites de la nation mais encore dans les recherches et études stratégiques pour la défense et la sécurité nationale !
Rappelons les lignes manuscrites du Général de Gaulle à l’amiral Castex lorsqu’il fut élevé en 1959 à la dignité de Grand Croix de la légion d’Honneur « Je n’oublie pas ce que ma propre formation a dû à ce que j’ai connu et lu de vous et de vos leçons en fait de stratégie, non plus que de l’exemple que vous avez donné par vos services ».
L’œuvre de l’amiral Castex, pionnier, se mesure aujourd’hui à la réalité de cette culture de défense dont sont porteurs et diffuseurs les dizaines de milliers d’auditeurs français et étrangers résidant dans le monde entier, et de toutes les sessions nationale, en régions, intelligence économique, jeunes, internationales de l’Institut dont la délégation et leur drapeau sont présents ici. Elle se mesure à l’attachement marqué des plus hautes autorités de l’Etat et de la Défense pour cette cérémonie.
Source : Jacques Péchamat, 7 juin 2008, « Hommage à l’amiral Castex », IHEDN – Midi-Pyrénées, à l’occasion du 130° anniversaire de la naissance et du 40° anniversaire du décès de l’amiral Raoul Castex.