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Norbert Casteret (1897-1987)
Commandeur de la Légion d'honneur en 1975.

Né à Saint-Martory (Haute Garonne) le 19 août l897, Norbert Casteret s'est éteint à Toulouse le 20 juillet 1987. Il passe sa petite enfance à Saint-Martory, et son adolescence à Toulouse où il suit sa scolarité à l'école Ozanam. Il obtient la première partie du bac juste avant la déclaration de la guerre de 1914. A l'âge de 18 ans, il s'engage et fait toute la guerre sur le Front. Il est décoré de la croix de guerre, avec citations. Dès la fin du conflit, il passe la deuxième partie du bac, puis entre à l'école de notariat, d'où il sort clerc de notaire. A la suite, il obtient le diplôme de l'Institut d'agronomie de Toulouse.

Mais son attirance pour le milieu des cavernes, qui s'est manifestée en lui dès sa petite enfance, prend vite le dessus, et il décide de consacrer sa vie au monde souterrain, et aux sciences qui s'y rattachent. Intéressé par tout ce qui touche à la vie de sa petite patrie, le Comminges, il cherche en 1923 à localiser l'emplacement du site de Calaguris, camp romain fortifié de Jules César, et arrive, par déduction, et par reconnaissances sur le terrain, à situer sur le plateau calcaire dominant Saint-Martory, cet endroit célèbre jusqu'alors, mais dont personne n'avait réussi à percer le mystère. Camille Jullian, surnommé "l'Historien des Gaules", approuve ces recherches, épaule et conseille Norbert Casteret, et authentifie le résultat.

Passant ensuite à la spéléologie, Casteret fait, coup sur coup, diverses découvertes capitales en préhistoire, authentifiées elles aussi par plusieurs savants dans ce domaine à cette époque : l'Abbé Breuil, le comte Bégouin, etc. Il s'agit de la grotte de Montespan, avec ses statues en argile, ses gravures, et son matériel lithique ; quelques années après, la grotte de Labastide (Hautes Pyrénées) : gravures, peintures préhistoriques, puis, plus tard, la grotte d'Isturitz (Pays Basque), la grotte de Bara Bao (Dordogne).

Dans les années 1929-1931, Casteret s'attaque au problème de l'origine de la Garonne, qu'il situe dans le glacier nord de la Maladeta, avec perte du torrent dans le Trou du Toro, et résurgence au "goueil" de Joueou. Avec courage, il use de moyens empiriques pour vérifier si son raisonnement est le bon, c'est-à-dire qu'il explore lui-même toutes les cavités qu'il recense dans le Massif, et démontre, à l'aide d'une expérience à la fluorescéine, que son opinion était la bonne. Il fut, à cette occasion, encouragé et soutenu par le savant E. A. Martel, fondateur de la spéléologie française.

En 1926, avec son épouse et sa mère, et en 1949, avec ses filles Maud et Gilberte, il découvre et explore d'extraordinaires et superbes grottes glacées dans le massif du Mont Perdu, sur la face sud du Cirque de Gavarnie. Pendant la guerre de 1939-45, il explore également, avec d'énormes difficultés matérielles, le gouffre de la Henne Morte, aidé et secondé par des jeunes de la région, dont son propre fils Raoul, et Marcel Loubens, décédé par la suite, dans l'accident du gouffre de la Pierre Saint-Martin. Puis, viennent encore, dans les années suivantes, et jusqu'en 1970 environ, les explorations des réseaux souterrains de la Pierre Saint-Martin, de la Cigalère, de la Coume Ouamède, etc. Il n'arrêtera ses exploits que vers l'âge de 70 ans environ.

On n'en finirait pas de citer toutes les études et tous les sujets qu'il a traités au cours de sa longue vie. Passionné par les chauves-souris et leur comportement, il les a observées et étudiées pendant de longues années. Il a été l'initiateur de ce type d'observations, en accord avec le Muséum d'Histoire Naturelle de Paris. Conférencier infatigable et écrivain fécond, (il a été reçu membre de l'Académie des Jeux Floraux, de Toulouse, dès 1937) il a propagé dans le monde entier la connaissance du milieu souterrain, faisant d'innombrables adeptes, et provoquant, par ricochet, la création de nombreux clubs de spéléologie. Sa personnalité l'a fait connaître et apprécier dans tous les milieux, et beaucoup de personnages importants disent encore qu'il a été leur modèle ou leur idole dans leur jeunesse.

Pour reconnaître ses mérites et récompenser ses actions courageuses, il a été admis dans de nombreuses associations philanthropiques et a reçu nombre de distinctions : commandeur de l'ordre de la Légion d'honneur, de l'Ordre National du Mérite (1971), des Palmes Académiques (1964), titulaire de la Croix de Guerre (déjà citée), de la médaille du Mérite civique (commandeur), de la médaille du courage et du dévouement, et encore de très nombreuses autres distinctions qu'il est impossible de citer ici. Il figure dans une série de timbres-poste, dans l'édition consacrée aux "Grands Explorateurs du XXème siècle", aux côtés de P.E. Victor, Alexandra David-Néel, etc.

Catholique fervent et pratiquant, Norbert Casteret a donné toute sa vie le témoignage d'une grande foi. Aussi simple qu'il était savant, il a été apprécié de tous ceux qui l'ont approché. Ses livres, épuisés depuis longtemps, peuvent encore être trouvés sur Internet. Espérons que son exemple soit suivi encore longtemps, et suscite, dans la jeunesse actuelle, le désir de toujours mieux faire, et de se perfectionner dans tous les domaines.

Source : Gilberte Casteret

Pour en savoir plus, le site consacré à Norbert Casteret


 

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